Si l’on ne sait quasiment rien de la capoeira des origines, certains faits et personnages importants de la période de l’esclavage sont quant à eux bien connus et abondamment documentés, comme c’est le cas de la figure la plus importante de l’époque à mon sens : Zumbi, roi du quilombo de Palmares.
Les quilombos étaient de véritables républiques autonomes recréées par les esclaves en fuite, souvent avec l’aide des Indiens locaux, et d’Européens opposés au pouvoir en place, aventuriers, mercenaires ou bandits recherchés par les autorités.
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Le quilombo de Palmares a compté jusqu’à 20 000 habitants aux alentours de 1670, selon les historiens, et sa longévité fut exceptionnelle : il perdura pendant près d’un siècle, étant définitivement rasé en 1710. Les Portugais n’ont pas lésiné sur les moyens mis en oeuvre pour venir à bout de cette énorme épine plantée dans leur pied, et pour cause : outre les nombreuses pertes essuyées par leurs soldats au cours des attaques des quilombolas, Palmares était devenu un symbole d’espoir pour les esclaves, un lieu mythique, idéal de révolte et de liberté, sans compter que son existence et sa résistance exceptionnelle constituaient un véritable camouflet envers l’autorité des colons.
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Né en 1655 dans l’un des mocambos de Palmares, Zumbi est fait prisonnier en 1662 lors d’une expédition des Portugais, et confié à un prêtre jésuite, à Porto Calvo. Il lui enseigne le latin et le portugais, à lire et à écrire, ainsi qu’à servir la messe, et le baptise au nom de Francisco. A l’âge de 15 ans, Zumbi parvient à s’enfuir et retourner chez lui, à Palmares. Il se distingue rapidement par son courage et son intelligence, et en 1675, à peine âgé de 20 ans, il est l’un des chefs de guerre les plus respectés et craints au sein du quilombo. Il fait partie de ceux qui refusent catégoriquement tout traité avec les Portugais, beaucoup pensent d’ailleurs que c’est lui qui aurait empoisonné son oncle, le roi Ganga Zumba, ne pouvant accepter une telle trahison.
Pendant près de 20 ans, Zumbi et son armée sont le cauchemar absolu des colons, et il devient rapidement un héros de rang quasi-divin, symbole ultime de la résistance à l’oppression et du combat sans concession pour la liberté.
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La légende dit que Zumbi aurait préféré sauter du haut d’une falaise plutôt que de se rendre, entouré d’ennemis et promis à une mort certaine.
Quoiqu’il en soit, la légende de Zumbi de Palmares a traversé les siècles et il est encore aujourd’hui le symbole de la résistance du peuple noir, le 20 novembre, jour de sa mort, étant l’occasion de nombreuses commémorations au Brésil et dans le monde de la capoeira en général. Beaucoup voient en Zumbi le premier capoeiriste, et nombre de chants ont été écrits – et le sont encore -, en son hommage.